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EN CRIANT GARE

Je tiens directement à prévenir que je me suis fais plaisir à cette expression ce dont vous pouvez constater avec la longueur du texte.

 

 

 

Une gare. Un gariste. Un panneau « stop ». Un train (normal dans une gare). Des gens (des voyageurs, des hommes d’affaires, des interprètes, des amants, des mécaniciens, des caissiers, des terroristes). Un paumé de la vie qui tombe sur les rails, le train arrive, tout le monde regarde, trou noir, trou blanc, trou gris, trou normand. Rien à faire, le train arrive, des paumés partout, ils regardent, ah bah enfin ! Y’en a un qui saute ! Ah le con, il s’est foulé la cheville en sautant pour sauver l’autre paumé … « La Gare Des Paumés ». Le gariste (toujours aussi intelligent), « poussez-vous le train arrive ! », bah non, on se pousse pas dans ce genre de situation, on subit la suite. La gariste, il parle toujours, mais personne l’écoute, il crie gare. « GARE ! ». Comme si on n’avait pas compris qu’on était dans une gare, ou alors peut-être qu’il voulait prévenir le mec que le train arrivait ? Comme s’il ne le savait pas, rien à faire le gariste est paumé aussi.

 

Des paumés partout, des voyageurs paumés, des hommes d’affaires paumés, des interprètes paumés, des amants paumés, des mécaniciens paumés, des caissiers paumés, des terroristes qui filment avec leurs téléphones. Eux, ils ne sont pas paumés, c’est des terroristes, c’est leur métier de terroriser. Tu parles d’un métier, je me doute bien qu’il y a pas de comité d’entreprise ni d’industrie à ce nom « Terroristes & Co. ».

 

Le mec il est toujours sur les rails en attendant, et l’autre héros-raté aussi. Et les autres ils sont toujours sur les côtés. Mais qui va donc les sauver ? Mais qui aurait ce courage ? Comment s’appelle-t-il ? Comment fera-t-il ? Dans quelles conditions ? Tant de questions sur un héros qui existe de moins en moins au fur et à mesure que le train approche. La suite au prochain épisode.

 

 La lumière du train, le bruit, la taille, sa masse, le mastodonte est prêt à les bouffer, j’oserais presque comparer ça à un T-Rex prêt à bouffer un vélociraptor. Sauf que là, après le passage du train, personne sautera sur les rails en criant « Chéri, c’est génial, fini la famine ! On va pouvoir manger, enfin ! Ramène les enfants ! Vite, les places partent vite ! » 

 

Bah non, c’est pas possible, ou alors très peu. Si on le voit comme ça, on peut aussi s’imaginer que le mec a été poussé sur les rails par un cannibale en pleine famine. Mais non, on va rester sur la théorie que c’est un accident. Un accident bête, mais un accident. On ne peut pas dire que c’est une mort intelligente … Cela existe les morts intelligentes ? J’imagine bien la scène.

 

- Mon Dieu, Harry est mort !

- Non, c’est horrible, ça ne peut … 

- L’hôpital nous a appelés ce matin, il est mort en s’étouffant avec une cacahuète …

- Ah ouai, pas con le mec, non sérieux, il est intelligent. C’est une mort qui me paraît être très intelligente. Il n’avait pas un bac +5 par hasard le mec ? 

- Quoi ? …

- Bah, mourir étouffé avec une cacahuète, c’est pas con comme truc.

 

Ils se sont battus, déchirés, se sont entretués. Deuxième mort intelligente. Pour en revenir à notre gare, le train il s’approche toujours. Les paumés regardent toujours, les terroristes filment toujours. Y’en a pas un qui va sauter. Y’en a pas un qui va aider. Y’en a pas un ! … Si ! Y’en a un ! … Mais bon, si ça fait comme le premier héros-raté, on ne va pas aller loin. Celui-là, il aide le premier tombé, il place son bras rapidement autour de son cou, demande de l’aide, un autre homme, une femme ou même un caissier, un mécanicien, peu importe, mais de l’aide ! Un homme d’affaires, super. On est sauvés. Le premier tombé est hissé sur le quai grâce à l’aide de tout le monde. Plus que notre héros-raté, mais lui en plus d’être paumé bah il est inconscient. Quand je disais qu’il était raté ! 

 

Celui-là faut le remonter vite parce que le train lui il s’en fout des cailloux, des lapins, des escargots ou même des hommes qui traînent sur les rails. Bah non il s’en fout pas, mais à part freiner il ne peut pas faire grand-chose. Et le temps de freiner, bah le train il a le temps de passer 50fois sur notre héros-raté. Allez, un troisième, un quatrième, un cinquième qui saute pour aider notre babtou fragile. Et bah ça en fait des reconnaissances de dette. Des récompenses. Des bisous. Des câlins. Mais s’ils ne se dépêchent pas, ça en fera des jambes amputées, des larmes, des deuils. 

 

Le train arrive toujours. Faut se dépêcher maintenant. Parce que y’a plus que 10secondes. Un dernier effort de notre homme d’affaires et de notre héros-pas-raté pour sauver un héros-raté paumé. Voilà, c’est bon, tout le monde est sauvé. J’ai pas envie de m’attarder dessus. Les secours arrivent, un peu tard, mais elles arrivent. T’imagines toi, pendant la Seconde Guerre Mondiale, les infirmiers et les médecins se ramènent à la fin ? C’est pas drôle. J’ai pas ris. 

 

On en revient à notre gare, le héros-paumé-raté il est sauvé, il est aidé peut-être même plus que le premier paumé tombé. Je vous laisse deviner la fin. 

 

MORALE : Quand un train arrive, faut pas sauter si on veut pas se fouler la cheville.



24/03/2014
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